BIEN-ÊTRE ET SANTÉ DÉCRYPTÉS

Non, boire du citron tous les matins n’est pas vraiment une bonne idée

Comme d’habitude, un petit article en réaction à ce qu’on voit défiler partout depuis quelques années sur les réseaux. Cette fois, il s’agit du citron. Présenté comme un remède miracle : boire du citron ferait maigrir, « détoxifierait », purifierait l’organisme et relancerait le métabolisme au réveil. On lit même que le citron blanchirait les dents !

Mais, attention tout de même, la réalité est tout autre. Pris chaque jour, ou en quantités répétées, le citron n’est pas vraiment un allié.

L’idée n’est pas de dénigrer le citron. Mais juste de démystifier, de clarifier et de citer quelques effets non négligeables induits par cette routine que l’on nous préconise pour faire du clic.


Pour les dents : boire du citron est trop acide

Le jus de citron affiche un pH entre 2 et 2,5. À ce niveau, l’émail dentaire commence à se dégrader dès la première minute de contact répétée.

  • Dès 2 citrons pressés par jour, les attaques acides sont réelles.
  • Le risque est renforcé si le citron est bu à jeun, sans rinçage, ni paille. 

L’Union française pour la santé bucco-dentaire alerte sur cette érosion, liée aussi bien aux sodas qu’aux jus d’agrumes.

Vous comprendrez facilement que son utilisation pour blanchir les dents et fortement déconseillée… l’émail subit une érosion irréversible.




Pour l’estomac : l’acidité n’est pas anodine

Le citron stimule l’acidité gastrique. Pour les personnes sujettes aux reflux ou à l’hyperacidité, il peut provoquer ou aggraver :

  • brûlures,
  • aigreurs,
  • douleurs gastriques.

Même dilué, un citron par jour suffit à déclencher des symptômes chez un sujet sensible.


 Pour les reins : l’excès de vitamine C favorise les calculs

Le citron contient environ 50 mg de vitamine C pour un fruit moyen. En excès, cette vitamine se transforme en oxalates, qui peuvent cristalliser dans les reins.

  • À partir de 3  citrons par jour, le seuil des 200 mg est dépassé.
  • Le risque augmente si l’hydratation est insuffisante ou en cas de prédisposition.

👉 source : ici

De même, la vitamine C favorise l’absorption du fer d’origine végétale. Mais chez certaines personnes, cela peut accentuer une surcharge en fer (hémochromatose notamment).

  • Dès 60 mg de vitamine C, l’absorption du fer peut tripler.
  • Chez les patients atteints d’hémochromatose, le citron est fortement déconseillé au quotidien.

Interaction avec certains médicaments : des effets inattendus

Compte tenu de ses propriétés, le citron peut modifier l’effet de certains traitements. Il ne s’agit pas d’un danger immédiat, mais d’interactions qui peuvent poser des problèmes à la longue, surtout en cas de prise quotidienne.

Voici les cas les plus fréquents :

  • Reflux et IPP (Oméprazole, Inexium…) :
    Boire du citron augmente l’acidité de l’estomac. Résultat : il annule partiellement l’effet des médicaments censés la réduire.
  • Anti-inflammatoires (Ibuprofène, Kétoprofène…) :
    Pris avec du citron, le risque d’irritation gastrique augmente. L’acidité fragilise la muqueuse, ce qui peut aggraver les effets secondaires.
  • Lévothyroxine (médicament pour la thyroïde) :
    Ce traitement est sensible à l’acidité gastrique. Boire du citron au moment de la prise peut perturber son absorption.
  • Suppléments de fer :
    La vitamine C augmente l’absorption du fer. Ce mécanisme est utile en cas de carence, mais peut entraîner une surcharge chez les personnes non déficitaires ou atteintes d’hémochromatose.

Connaissez-vous aussi les méfaits du duo explosif pamplemousse et médicaments ?

👉 Pamplemousse et médicaments : un duo à éviter




Et les pesticides : si on abordait le sujet ?

Près de 80 % des citrons consommés en France sont importés et traités avec de l’Imazalil, un fongicide interdit sur les cultures françaises, mais autorisé à l’import.

  • Ce produit est classé comme cancérogène probable.
  • Il ne reste pas à la surface : il pénètre dans la chair.

Tout comme pour les fraises…

👉 Fraises et pesticides : l’illusion d’un fruit parfait


Perte de poids : une idée reçue archi-fausse mais persistante

Boire du citron est quasiment toujours présenté comme un allié minceur, notamment sous forme de jus consommé à jeun. 

Aucune preuve solide ne démontre que le citron, à lui seul, induit une perte de poids significative.

Certains mécanismes sont parfois avancés pour expliquer un effet potentiel :

  • Effet diurétique : le citron peut favoriser l’élimination de l’eau, entraînant une perte de poids temporaire liée à la diminution de la rétention hydrique, mais sans impact sur la masse grasse. On perd de l’eau…
  • Sensation de satiété : la pectine, une fibre soluble présente dans le citron, pourrait contribuer à une sensation de satiété, mais les quantités consommées habituellement sont insuffisantes pour un effet notable.
  • Stimulation de la digestion : l’acide citrique peut favoriser la production de bile, améliorant la digestion des graisses, sans pour autant entraîner une perte de poids directe.

En réalité, les effets observés sont généralement liés à une amélioration globale des habitudes de vie, comme une alimentation équilibrée et une activité physique régulière. Boire du citron peut être intégré dans une démarche de perte de poids, mais il ne constitue pas une solution miracle.

C’est le même blabla pour l’ananas :

👉 L’ananas fait-il vraiment brûler les graisses ?


En résumé

Boire du citron n’est pas toxique par nature, mais sa banalisation comme « boisson santé miracle » masque des risques bien réels. Arrêtons de croire toutes les balivernes qu’on lit dès qu’un aliment est estampillé « naturel » ou « détox ».

Partager sur Facebook