Robinet d’eau avec un panneau rouge "ATTENTION ⚠️" indiquant un danger potentiel lié à la qualité de l’eau potable - TFA
RAS-LE-BOL

TFA : ce polluant éternel qui met l’eau du robinet en danger

Tu fais partie de ceux qui boivent de l’eau du robinet ? Alors, il n’y a pas péril en la demeure, mais il est important que tu sois informé de la situation. L’eau du robinet en France est « généralement » considérée comme sûre, grâce à des contrôles sanitaires rigoureux.

Cependant, des études récentes, notamment celles menées par l’UFC-Que Choisir et Générations Futures en janvier 2025, ont révélé la présence préoccupante de l’acide trifluoroacétique (TFA), un « polluant éternel », dans l’eau potable de nombreuses communes. Parallèlement, le scandale impliquant Nestlé, accusé d’avoir utilisé des techniques de filtration non conformes pour ses eaux en bouteille, a ébranlé la confiance des consommateurs.

À qui faire confiance ? Focus sur l’eau du robinet et le TFA

Qu’est-ce que l’acide trifluoroacétique (TFA) ?

✔️ Un polluant invisible et persistant

Le TFA est un acide fluoré issu de la dégradation de pesticides comme le flufénacet, récemment reclassé comme perturbateur endocrinien par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Il est également issu de la décomposition de gaz fluorés utilisés dans diverses applications industrielles.

Une fois libéré dans l’environnement, le TFA se retrouve dans l’atmosphère et, par le biais des précipitations, contamine les sols et les ressources en eau.

Contrairement à d’autres polluants, le TFA est quasi indestructible : ni la chaleur, ni les bactéries, ni les traitements d’eau traditionnels ne peuvent l’éliminer. Il contamine progressivement l’eau potable sans que personne puisse l’arrêter.

 

Présence du TFA dans l’eau potable : chiffres alarmants

✔️ Un polluant omniprésent

Les analyses de UFC-Que Choisir et Générations Futures ont révélé la présence de TFA dans l’eau potable de 24 communes françaises sur les 30 étudiées.  80 % des eaux de robinet testées contiennent donc du TFA, avec des niveaux allant jusqu’à 100 fois la limite recommandée.

  • Paris et Lyon : Présence confirmée du TFA, mais en dessous des seuils alarmants.
  • Bordeaux, Nantes, Strasbourg : Concentrations dépassant 5 µg/L.
  • Certaines communes rurales dépassent 10 µg/L, avec des pics inquiétants. La ville la plus citée est Moussac dans le Gard.

Une pollution sous-estimée

Si le TFA est moins toxique que certains autres PFAS, il reste potentiellement cancérigène. L’EFSA a reconnu en 2024 que l’exposition chronique pourrait affecter la fertilité et augmenter le risque de cancers du foie.

En Allemagne, où le problème est mieux documenté, une valeur sanitaire indicative de 60 µg/L a été adoptée dès 2023. En France, aucune réglementation spécifique n’existe.

Alors, oui ! C’est beaucoup moins que le seuil préventif en Allemagne. Mais, tu as compris : le TFA s’accumule peu et à peu… et ne se détruit pas. Quels taux allons-nous mesurer dans quelques années ?

Un risque sanitaire encore flou mais inquiétant

Les études sur la toxicité du TFA sont rares et insuffisantes. Mais, les premières conclusions ne sont pas rassurantes :

  • Effets sur la fertilité : Des études sur les rats montrent une altération de la spermatogenèse.
  • Risque cancérogène : Augmentation des tumeurs du foie observée en laboratoire.
  • Contamination irréversible : Une fois ingéré, le TFA est difficilement éliminé par l’organisme.

L’absence de normes précises pose un risque sanitaire sous-estimé. Pourquoi attendre des preuves définitives avant d’agir ?

Un encadrement réglementaire laxiste

Aucune interdiction en vue

En Allemagne et aux États-Unis, des réglementations émergent pour limiter les PFAS dans l’eau potable. La directive européenne 2020/2184 mentionne 20 PFAS prioritaires… mais le TFA n’y figure même pas !

La France, qui affiche pourtant un plan de réduction des PFAS d’ici 2030, ne considère toujours pas le TFA comme une priorité.

Pourquoi ce retard dans la réglementation ? Pourquoi un tel silence ?

Contrairement aux autres PFAS (PFOA, PFOS) bien connus, le TFA n’est pas encore réglementé. Aucune obligation pour les distributeurs d’eau de le surveiller ou de le filtrer.

La lenteur dans la reconnaissance et la régulation du TFA n’est pas un hasard. Ce retard s’explique principalement par des enjeux industriels et économiques majeurs, notamment liés à l’agriculture et à la chimie fluorée.

Une substance issue de l’industrie chimique et agricole

Le TFA est largement employé pour garantir des rendements agricoles élevés.

✔️ Interdire ou en limiter son utilisation reviendrait à remettre en question l’utilisation de ces pesticides, ce qui impacterait directement l’agro-industrie.

De même, le TFA provient de la dégradation des gaz fluorés présents dans les climatiseurs, aérosols et solvants industriels. Ces produits sont utilisés par des multinationales comme Honeywell, Chemours et Daikin, qui exercent une forte influence sur les politiques environnementales.

✔️ Le réglementer signifierait restreindre ces produits, ce qui nuirait aux géants de la chimie fluorée.

Un lobbying efficace pour ralentir la réglementation

Certaines entreprises ont financé des études minimisant les risques, un schéma classique du lobbying industriel (déjà observé avec le glyphosate et les perturbateurs endocriniens). Elles mettent en avant :

  • L’absence de preuve formelle de sa toxicité (faute d’études approfondies)
  • La complexité du traitement du TFA, qui serait trop coûteux pour les stations d’épuration
  • L’absence d’alternative viable aux pesticides et aux gaz fluorés, ce qui mettrait en péril certains secteurs industriels

✔️ Résultat ? Les gouvernements tardent à légiférer, sous la pression des industriels qui veulent éviter des restrictions coûteuses.

Que peuvent faire les consommateurs ?

La réponse n’est pas simple. Aucune solution parfaite n’existe, mais voici ce que tu peux faire :

✔️ Consulter les analyses locales : Vérifie la qualité de ton eau via les Agences Régionales de Santé ou sur UFC-Que Choisir. Ou ici

✔️ Utiliser des filtres adaptés ?

  • Les carafes filtrantes ne sont pas efficaces contre le TFA. Tu peux lire mon article sur les carafes ici.
  • L’osmose inverse réduit sa concentration mais c’est un système coûteux et énergivore.

✔️ L’eau en bouteille ? Pas forcément mieux !

  • Certaines marques comme Nestlé ont été prises en flagrant délit de filtration frauduleuse.
  • Certaines eaux minérales contiennent aussi des PFAS, mieux vaut vérifier les analyses fournies par les fabricants.

✔️ Soutenir des actions collectives :

  • Exiger une réglementation stricte auprès des autorités sanitaires.
  • Participer aux pétitions et actions menées par les associations de consommateurs.

Conclusion

Le TFA illustre parfaitement le retard réglementaire sur les polluants émergents. Inodore, invisible, indestructible, il s’infiltre dans notre quotidien sans que personne ne le surveille réellement.

Les autorités ferment les yeux, les industriels évitent le sujet, et les consommateurs se retrouvent face à un choix impossible : boire une eau contaminée ou se tourner vers des alternatives coûteuses et incertaines.

Il est urgent d’agir : la pression citoyenne et médiatique a déjà permis d’imposer des normes sur d’autres PFAS. Le TFA doit être pris en compte avant qu’il ne devienne un scandale sanitaire majeur.

Partage cet article pour alerter sur un danger dont personne ne parle encore !

Pour aller plus loin :

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Savais-tu, par exemple, que le fromage râpé vendu en sachet, n’est pas ce que tu crois ?

TFA DANGER