
Pamplemousse et médicaments : un duo à éviter
Le pamplemousse fait partie de ces aliments que l’on pense bien connaître. Un fruit comme un autre, censé être excellent pour la santé. Toutefois, j’avais entendu, il y a quelques années, qu’il pouvait se révéler dangereux lors de la prise de médicaments. Je pensais que c’était un énième fake news, qu’il fallait manger 50 pamplemousses pour que ces effets soient vérifiés. Alors, je me suis dit, comme je le fais d’habitude, qu’il serait bien, de dénoncer cette fake news. Mais, cette fois, je me suis bien trompée. Ce n’est pas un attrape-nigaud. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que le pamplemousse mérite qu’on s’y attarde sérieusement.
Pamplemousse ou pomelo : commençons déjà par appeler les choses par leur nom
En France, ce qu’on appelle « pamplemousse » est en réalité un pomelo (Citrus × paradisi), un hybride entre un oranger doux et un pamplemoussier asiatique. Le vrai pamplemousse (Citrus maxima), beaucoup plus rare, peut peser jusqu’à 7 ou 8 kg. Il est peu sucré, plus fibreux, et sa chair est souvent pâle.
Mais, nous, ce que l’on achète, c’est bien un pomelo. Et, en effet, il peut poser un problème dans certaines situations médicales.
Ce qu’il contient : un fruit sain, mais pas anodin
Le « pamplemousse » est riche en :
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Vitamine C (env. 40 mg pour 100 g)
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Antioxydants (flavonoïdes, limonoïdes)
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Furanocoumarines : et c’est ce composé naturel qui pose problème.
Les furanocoumarines bloquent une enzyme de l’intestin (CYP3A4). Cette enzyme joue un rôle important dans l’élimination naturelle de nombreux médicaments. Lorsqu’elle est bloquée, les substances actives restent plus longtemps dans le sang, en concentration plus élevée que prévu.
En résumé, c’est un peu comme avaler 2 à 10 comprimés au lieu d’un seul (selon lé médicament). Bien sûr, vous multipliez d’autant les effets secondaires ! Pamplemousse et médicaments, c’est comme une overdose !
Ce qui se passe vraiment dans le corps
Un seul verre de jus de « pamplemousse » (environ 250 mL) peut suffire à bloquer l’enzyme.
L’effet commence dès 4 heures après ingestion et peut durer jusqu’à 72 heures.
Autrement dit, même si vous buvez votre jus le matin, il peut interagir avec un médicament pris le lendemain. Ce n’est pas un risque théorique. C’est documenté, stable, reconnu.
Médicaments concernés : bien plus qu’on le croit
➤ Cholestérol
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Atorvastatine, Simvastatine, Lovastatine
→ Risque : douleurs musculaires, atteintes rénales
➤ Tension
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Félodipine, Lercanidipine, Nifédipine
→ Risque : hypotension sévère
➤ Psychotropes
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Buspirone, Sertraline, Escitalopram
→ Risque : sédation excessive, troubles cardiaques
➤ Immunosuppresseurs
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Ciclosporine, Tacrolimus
→ Risque : surdosage, toxicité rénale
➤ Anticancéreux
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Lapatinib, Nilotinib, Crizotinib
→ Risque : efficacité modifiée
➤ Autres
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Dompéridone, certains IPP (ex : Oméprazole)
→ Risque : allongement du QT
✔️ Source et liste complète – Vidal
La liste n’est pas exhaustive.
Et les compléments alimentaires ? Eh bien, ce n’est pas mieux !
Oui, c’est la grande mode des compléments alimentaires. Des extraits de pépins de « pamplemousse » sous forme de gélules ou de gouttes, présentés comme « naturels », sont souvent vendus pour renforcer l’immunité, lutter contre les infections, ou même désinfecter l’eau.
Mais :
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Aucune preuve scientifique sérieuse ne valide ces usages.
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Le risque d’interaction avec les médicaments reste identique.
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Certains extraits sont même contaminés par des conservateurs synthétiques qui amplifient les effets secondaires.
Même problème avec les huiles essentielles de « pamplemousse » utilisées en cure ou en diffusion.
Régimes minceur : des promesses sans fondement
Certains régimes vendus comme « rapides » ou « détox » incluent le « pamplemousse » comme ingrédient central. Il est censé « brûler les graisses », « activer le métabolisme », ou « nettoyer l’organisme ».
Mais :
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Ces régimes sont déséquilibrés, parfois dangereux.
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La perte de poids est souvent liée à une restriction calorique brutale, pas au fruit lui-même.
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Et les interactions médicamenteuses restent possibles si on consomme du jus ou des extraits pendant la cure
Ce n’est pas le seul fruit concerné
Le « pamplemousse » n’est pas le seul en cause. D’autres agrumes contiennent les mêmes substances :
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Orange amère
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Bergamote
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Citron vert
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Tangelo
Même effet, mêmes risques.
✔️ Source – RFCRPV (Pharmacovigilance officielle)
En résumé : pamplemousse et médicaments ne font pas bon ménage !
✔️ Si vous prenez un traitement, évitez le jus de « pamplemousse », les compléments et les cures à base de ce fruit.
✔️ Laissez au moins 24 à 72 heures sans contact avec ce fruit si vous voulez éliminer tout risque.
✔️ En cas de doute, demandez à votre médecin. Mais, dans bien des cas, le plus simple reste d’écarter le fruit complètement.
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