Qu'en est-il vraiment de la fabrication des vêtements ?
RAS-LE-BOL

Fabrication des vêtements : Shein c’est abusé, mais les autres marques sont-elles si clean ?

La semaine dernière, je me promenais dans la rue principale d’une grande station balnéaire.
Devant la vitrine de The Kooples, un groupe de passants discutait de l’affaire : le BHV Marais allait accueillir Shein. C’était honteux !
Pendant qu’ils refaisaient le monde, moi je regardais un blouson The Kooples affiché à 595 euros.

Je me suis alors demandé : mais où sont fabriqués les vêtements de cette marque ?

Et là, j’ai cherché, cherché et recherché. J’ai interrogé toutes les IA (Intelligence Artificielle). Eh bien, concernant la fabrication des vêtements, ce n’est pas si clair que ça.

Mais avant d’y répondre, parlons d’abord de Shein, puisque c’est elle qui cristallise toutes les critiques.



Shein, la vitrine scandaleuse d’une industrie opaque

Les enquêtes récentes sur la fabrication des vêtements sur Shein sont accablantes :

⛔️ Une investigation de la BBC a montré que certaines ouvrières employées par des sous-traitants de Shein travaillent jusqu’à 75 heures par semaine, souvent sans congé.

⛔️ Un rapport publié par ActionAid France, en lien avec China Labor Watch, évoque des salaires allant de 0,06 € à 0,27 € par vêtement cousu. Même si on ramène à la monnaie locale, c’est très peu.

⛔️ En 2024, Reuters a rapporté que deux cas de travail d’enfants avaient été identifiés dans la chaîne d’approvisionnement du groupe, entraînant la suspension temporaire de plusieurs fournisseurs.

⛔️ Enfin, selon une enquête de l’ONG Public Eye, les promesses d’amélioration faites par Shein restent largement sans effet tangible sur le terrain.

Alors oui, il n’y a pas à dire… c’est scandaleux.

Shein choque parce qu’il montre sans filtre les excès de la fast-fashion : vitesse, volume, pression. Toutefois, ne fait-il pas que pousser à l’extrême un modèle déjà bien installé dans l’industrie mondiale de la fabrication des vêtements ?

Ce qui nous amène à la question centrale : les marques françaises, elles, font-elles vraiment mieux ?


La fabrication des vêtements de marques françaises ne fait pas exception

Certaines marques françaises dites « premium » affirment une fabrication plus encadrée et des contrôles réguliers. Mais leurs propres documents montrent que la réalité est plus nuancée.

Le groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot) indique dans son rapport URD 2024 :

« Le sourcing et la production du Groupe sont relativement équilibrés entre l’Europe et le bassin méditerranéen (…) et l’Asie, notamment la Chine continentale, le Vietnam et l’Inde. »

Autrement dit, une partie de la confection est bien réalisée en Europe ou autour du bassin méditerranéen, mais une autre partie provient d’Asie, comme pour la majorité du secteur.


 

Cela ne signifie pas que les conditions soient identiques à celles de Shein, mais qu’il existe peu de visibilité publique sur la chaîne complète : origine précise des ateliers, conditions de travail, rémunération réelle des ouvriers.

En clair : ces marques se veulent plus responsables, mais la transparence reste partielle.

Et ce constat ne concerne pas que les marques françaises. Les géants internationaux fonctionnent sur le même modèle.


Les géants internationaux suivent le même schéma

Zara (Inditex) produit via des « clusters » de fournisseurs en Europe, au bassin méditerranéen et en Asie. Le groupe décrit officiellement cette organisation ici : Inditex – Supply Chain.

H&M fabrique surtout au Bangladesh, au Cambodge et en Chine. Le groupe publie des informations de traçabilité et la liste de ses sites de production : H&M Group – Supply chain.

Uniqlo (Fast Retailing) externalise l’essentiel de sa production en Chine, au Vietnam, au Bangladesh, en Indonésie et en Inde. Le groupe met en ligne sa liste de partenaires : Fast Retailing – Production partners list.

LVMH Fashion Group fabrique majoritairement en Europe et s’appuie sur une chaîne internationale pour certains composants. Attention toutefois : « Made in Europe » n’est pas synonyme de conditions idéales, et des enquêtes ont révélé des pratiques discutables chez certains sous-traitants italiens. Les documents officiels se trouvent ici : LVMH – Key documents.

Face à ces réalités, une question se pose : le prix que nous payons reflète-t-il vraiment des conditions de fabrication plus justes ?


L’illusion du « mieux »

Acheter plus cher ne garantit pas d’acheter mieux.

Une part importante du prix finance la publicité, les vitrines ou les influenceurs, pas forcément des salaires plus justes.

La mention « fabriqué en Europe » ne suffit pas non plus : une pièce peut être assemblée en Europe, mais à partir de tissus produits ailleurs, dans des conditions qu’on ignore.

La traçabilité reste le point faible du système. Un vêtement cousu au Vietnam pour 15 € peut se vendre 200 € à Paris, sans que la couturière n’en profite davantage.

Et tant que le modèle repose sur la production rapide et les collections renouvelées chaque mois, la logique ne change pas.

Alors, que retenir de tout cela ?


Conclusion

Shein choque parce qu’il ne cache rien sur la fabrication des vêtements. Les autres rassurent parce qu’elles communiquent mieux.

Mais au-delà des prix et des promesses, le vrai problème reste l’opacité : tant que l’on ne sait pas précisément qui fabrique, où et comment, le discours « éthique » reste incomplet.

La prochaine fois que vous verrez un blouson à 595 euros en vitrine, posez-vous la question : où a-t-il vraiment été fabriqué, et dans quelles conditions ?


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